Climat et énergie : la leçon Dupont de Ligonnès
L’un des enjeux de la transition énergétique est de trouver des solutions au renchérissement et à l'épuisement des ressources fossiles. Pour cette raison, il est raisonnable de penser que le système énergétique de demain, bien davantage qu’aujourd'hui, reposera sur des technologies bas-carbone. Puisqu’elle emprunte ce chemin déjà tout tracé, la prise en compte d’un risque climatique dans l’exercice de la planification peut donc sembler anodin. Il n’en est rien et la raison en est toute simple : elle rajoute une contrainte de temps. La transition doit se faire rapidement parce que nous serions dans le cadre d’une « urgence » et ce qui semblait réalisable sur le long terme devient un casse-tête sur le court terme. Le risque est alors que le planificateur se transforme en liquidateur, qu’il déconstruise trop rapidement un système bien rodé en étant incapable, dans le même temps, de lui substituer un système d’une efficacité équivalente. En réalité, à cause des multiples incertitudes qui entourent la question climatique, cette contrainte de temps est loin d’être justifiée.
Nous ne savons pas clairement par exemple, contrairement à ce qui est affirmé sans cesse, quelles seront les conséquences réelles des évolutions climatiques. Nous savons encore moins prédire les conséquences des politiques mises en œuvre et à quelle échéance elles produiront des effets. Le système climatique présente une certaine inertie ; il est aussi complexe et chaotique. En signant un texte intitulé « il n’y a pas d’urgence climatique, un groupe international de 700 scientifiques et professionnels est même venu récemment remettre en cause le fait que le CO2 d’origine anthropique soit responsable du réchauffement climatique ou soit un facteur de dérèglement dangereux pour l’avenir. Leur scepticisme ne porte pas sur les évolutions climatiques récentes dont ils reconnaissent la réalité, mais sur l’hypothèse « CO2 anthropique » dont ils contestent la solidité. Les modèles mathématiques, disent-ils par ailleurs, sont la plupart du temps défaillants et sont donc disqualifiés pour orienter les politiques publiques. Ils rappellent enfin, en accord avec le GIEC sur ce point, que le réchauffement constaté n’a pas produit d’augmentation de phénomènes météorologiques extrêmes…
Que l’alarmiste climatique soit une baudruche destinée à se dégonfler est une possibilité. Nous aurons alors vécu ces longues années d’angoisse comme cette folle nuit d’octobre 2019 où Xavier Dupont de Ligonnès avait refait surface… L’emballement des médias fut spectaculaire et tint la France en haleine avant de s'éteindre brutalement. Depuis un certain temps, les médias redoutant le discrédit se vantaient pourtant de vérifier l’information. Devant l'Eternel, ils étaient même devenus des adeptes du « fact-checking ». En fait, pour saisir la genèse de ce sublime plantage, il suffit de comprendre que le désir d'audimat est venu prendre appui sur « des sources policières ». Celles-ci sont venues briser les chaînes qui retenaient l'envie irrépressible de sensationnel comme la cloche de la récréation libère l'enfant qui se morfond dans la classe.
Il faut méditer cette histoire pour comprendre les ressorts contemporains du traitement médiatique. Dans l'affaire climatique, « de source scientifique » est équivalent au « de source policière » de l'affaire Dupont de Ligonnès. C’est le sigle « AB » sur la tranche de jambon : un ersatz de « fact-checké » venant certifié au consommateur pressé la qualité de l’information. Ce label bien commode ne fait pas dans la dentelle, il sépare le vrai du faux, le bien du mal, l’ami de l’ennemi, ce qui est bon « pour la planète » de ce qui est mauvais « pour la planète ». Il est devenu la nourriture essentielle de la paresse intellectuelle qui se répand du consommateur au citoyen, du citoyen au journaliste et du journaliste… à l’homme politique. Tous se prosternent devant « la source scientifique » comme s’il s'agissait de « la Science ». Or, discipline encore récente, la climatologie ne révèle aucune vérité, elle émet des hypothèses soumises à discussions et controverses comme le prouve l’intervention de ce groupe de scientifiques.
Les autorités en charge des politiques énergétiques devraient se méfier du chant des sirènes de l'apocalypse. Sous son influence, elles ont déjà investi massivement dans des énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire) pour des résultats insignifiants. Il s'agit maintenant de choisir et de le tenir le bon cap. Sur la route de la transition énergétique, qui veut aller loin ménage sa monture.