Greta et les écolocrates ont ressuscité Einstein… pour notre plus grand malheur.
Article publié sur Causeur.fr le 9 janvier 2023
"Greta a ressuscité Einstein: La science entre les mains d’apprentis dictateurs", de Jean-Paul Oury (VA Editions, 2022).
Jean-Paul Oury a encore frappé. Dans son avant-dernier livre, Greta avait « tué Einstein ». Dans celui qui vient de paraître, Greta l'a ressuscité. Mais, ne vous réjouissez pas trop vite…
Il avait montré il y a deux ans comment les écologistes avaient dénigré la « science prométhéenne » pour imposer des pseudo solutions labellisées « made in nature ». Aujourd’hui, il vient nous expliquer que les mêmes, en manipulant « la science », sont en passe de devenir des apprentis dictateurs pour mener leur projet de décroissance de l’économie.
Oury a longuement étudié les écrits et les discours des amis de Greta et de ceux qui, inlassablement, essayent de leur résister. Il est d’ailleurs l’un des plus fins connaisseurs français de ces penseurs livrant bataille contre le catastrophisme écologiste. Il les a lus bien avant qu’ils soient, pour certains, traduits en Français et c’est ainsi que, juché sur les épaules de ses héros, il livre bataille contre ceux qui voudraient soumettre le bon peuple.
Au fil des pages, il décortique la pensée des apprentis dictateurs qui ont en commun de parler et d’agir au nom de « La Science ». Pour faire taire les oppositions, ils ont trouvé cette astuce imparable : lorsque « La Science » a parlé, il faut se taire et s'exécuter. Ainsi les « Climatocrates », les « Covidocrates », les « Biodiversitocrates », les « Collapsocrates », les « Algorithmocrates », comme Oury les appelle, sont les serviteurs de « La Science », cet Anneau de pouvoir conçu pour « les gouverner tous ».
Au nom du climat, il faut engager d’urgence une décroissance de l’économie comme le suggère le climatocrate en chef français, Jean-Marc Jancovici, celui qui ne cesse de confondre météo et climat pour mieux troubler les esprits. La messe serait dite : le GIEC, voix de La Science dans ce domaine, confirmerait la catastrophe. Les médias relaient avec zèle le message de la divine instance en déformant tout sur son passage. Tout événement météorologique devient le signe de la catastrophe climatique en marche… Oury sort alors avec justesse ses cartes maîtresses.
D’abord celle de Steven Koonin, cet ancien conseiller de Barack Obama qui, dans son best seller récemment traduit en français, rappelle que « plus nous apprenons sur le climat, plus cela nous paraît terriblement compliqué ». Une chose parait pourtant claire : les modèles mathématiques utilisés en « science du climat » ne sont pas fiables… Les incertitudes sont telles qu’il est strictement impossible de « fournir des informations quantitatives fiables à propos des risques (...) et des conséquences et bénéfices de l’accroissement des gaz à effet de serre sur le système terrestre. » Dans ce contexte, conduire une politique pour essayer de « maîtriser » le climat est une gageure.
Oury abat ensuite la carte Bjorn Lomborg, cet environnementaliste danois qui, dans son ouvrage Fausse Alerte (False alarm), nous fait comprendre que toutes mesures pour essayer de limiter les émissions ne serviront à rien : « si toutes les nations tiennent toutes leurs promesses » de la COP21, « les températures ne seront réduites que de 0,05% » ! Les seules politiques valables sont en réalité celles qui consistent à s’adapter et plus une société est développée (et donc moins elle emprunte la voie de la décroissance) et plus elle sera à même de le faire. Il précise d’ailleurs que l’obsession de la réduction du CO2 est une catastrophe pour les pays pauvres, incapables de construire les infrastructures résilientes et protectrices…
Après le climat, Oury a l’intelligence d’évoquer la crise sanitaire qui a vu l’émergence des « covidocrates ». Bien sûr, on lui en veut de nous remémorer ces mauvais souvenirs, mais il nous fait comprendre que ce que nous avons subi pendant deux ans « en petit », nous pourrions le vivre « en grand » avec la généralisation de politiques écologiques coercitives... Au nom de La Science, les gouvernants ont soumis les peuples en agitant les peurs sans laisser de place à la médecine. Cette dernière n’est pas une science et encore moins La Science, la médecine est une pratique, un art qui utilise tant bien que mal la démarche scientifique. En lieu et place des blouses blanches faisant danser les diagnostics et les traitements sur une scène de guerre improvisée, nous avons eu des militaires hurlant des certitudes sur un terrain quadrillé. Ce fut le martyr du corps et de l’esprit : l’enfermement entre quatre murs et dans des raisonnements simplifiés et l’injection de « vérités scientifiques » et d’ARN messager. La panoplie des mesures coercitives fut invraisemblable entre le masque obligatoire, les couvre-feux, les condamnations morales et le pass sanitaire.
Sur le vaccin, Oury se fait centriste comme s’il ne voulait froisser personne. Il n’y avait aucune raison, plaide-t-il, de traiter d'anti-vax primaires les personnes qui se méfiaient de ce vaccin ou qui s'interrogeaient sur la stratégie vaccinale. En même temps, il ne peut s’empêcher de voir dans le vaccin l’un des résultats les plus probants de cette science qu’il nomme « prométhéenne » et qui s’oppose à l’Anneau de pouvoir des apprentis dictateurs. Ainsi parle-t-il de la « redoutable efficacité » de l’industrie pharmaceutique pour « mettre au point des vaccins efficaces » et même d’une « solution technologique (qui) nous a permis d’échapper au règne des solutions contraignantes qu’avaient retenues les covidocrates ». Oury aurait dû constater que son Prométhée s’est fait berner : ce n’est pas le feu sacré qu’il a volé aux Dieux, mais le feu follet. Ce vaccin a été d’une redoutable inefficacité, les pays qui l’ont utilisé massivement ont réussi l’exploit de battre le record de contamination alors que la très grande majorité de leurs populations étaient vaccinées. On ne peut passer non plus sous silence les effets secondaires déplorables sur des populations bien portantes. Les myocardites n’ont pas été rares et les perturbations du cycle menstruel ont été légion. On s’étonne d’ailleurs du peu d’écho médiatique de ces dernières calamités quand on connaît l’extraordinaire (et assommante) passion pour la mise en valeur du malheur des femmes... Les laboratoires furent des covidocrates comme les autres ou, à tout le moins, leurs alliés. Pouvoir et argent ont toujours fait bon ménage.
Oury nous introduit ensuite à la biodiversitocratie. Là encore, il faut lui en savoir gré d’oser remettre en cause cette nouvelle lubie. Le catastrophisme fait feu de tout bois et est en train d’ériger la biodiversité au rang du climat. Nous serions en train de vivre la 6ème extinction de masse et sans une action déterminée, consistant bien sûr à alourdir les contraintes tout azimut, nous allons vivre (ou plutôt mourir) dans un désert biologique. Le dispositif se met en place : l’IPBES, équivalent du GIEC pour le climat, est créé, le CNRS et le Muséum d’Histoire Naturelle, en bons serviteurs de l’Anneau, apposent le sceau de La Science sur le diagnostic de l’apocalypse et les médias relaient avec entrain. Les biodiversitocrates peuvent maintenant gouverner par la peur. Oury a raison. Il est un signe qui ne trompe pas : le climatocrate en chef, Jean-Marc Jancovici, avec son cabinet Carbone 4, a récemment développé un axe « biodiversité ». Dans la boîte à outils du parfait petit dictateur qu’il met à disposition des politiques, au côté du « bilan carbone », va bientôt trôner le « bilan biodiversité ». Les outils pour nous couper les jambes étaient déjà là, voilà ceux qui vont nous couper les bras. Nous ne serons bientôt que des hommes troncs, des êtres rampants qui, malgré l’infortune de leur condition, seront fiers de leur innocuité…
Heureusement, il existe là-aussi des résistants comme l’américain Michael Shellenberger ou encore le français Christian Lévêque qu’Oury cite abondamment. Ils soulignent combien l’apport des énergies fossiles a été essentiel pour préserver bon nombre d’espèces et comment les êtres humains ont su en favoriser beaucoup d’autres. Évidemment, leur développement spectaculaire a eu aussi des conséquences désastreuses, mais comment ne pas voir que la biodiversité est depuis la nuit des temps en permanente évolution ? La nature s’adapte aux nouvelles conditions. Jamais sur terre, il n’y eut d’équilibre. Vouloir conserver la nature comme elle était, la mettre sous cloche, perpétue la croyance d’un état originel qui serait bon par nature. Le nouvel « état » de la nature n’est pas synonyme de catastrophe et vouloir soumettre l’économie pour sauver la « biodiversité » est dénué de sens.
Enfin, avec les algorithmocrates, Oury nous offre un voyage en enfer. Toute la panoplie des outils est déjà quasiment opérationnelle pour nous mener, les poings liés, sur le chemin de la décroissance. L’anodin « nutriscore » est un préfigurateur du « Planet-score », un système de notation environnementale développé par l’ADEME. Nous n’aurons bientôt plus à réfléchir, nous suivrons bêtement des codes couleur. Nous avons déjà été si bien dressés par les covidocrates… Nous rentrons, indolents, dans l’ère du crédit social, du pass énergétique et du pass climatique. Avec la complicité des banques, notre bilan carbone sera calculé automatiquement et nous serons contraints à la sobriété jusqu’à ce que le feu re-passe au vert.
Sur 200 pages, Oury a fait danser les « crates ». Qui sont-ils et que nous veulent-ils à la fin ? Ils sont sans doute, nous dit-il en substance, les représentants d’une oligarchie mondiale qui veulent asseoir leur pouvoir à nos dépens. L’explication ne nous convainc pas tout à fait, mais nous n’avons, comme lui, que celle-ci à proposer. Avec lui, nous nous demandons aussi si « les classes moyennes se laisseront (...) domestiquer par cette élite » qui, au mépris des libertés, « veut légiférer au nom de La science ». Pour faire échouer ces funestes desseins, réussiront-elles à former une glorieuse « communauté de l’Anneau » ?
Il y aura un troisième et dernier volet de la trilogie des Greta nous annonce Oury à la toute fin. Qu’il disperse alors « gouvernail et grappin » et qu’il se détache de la tutelle de ses héros et de ses pairs. C’est juché sur ses épaules que nous voulons grimper le dernier sommet, comme Frodon sur celles de Sam pour l’ascension de la Montagne du Destin.